Faut-il savoir faire la posture pour l’enseigner ?
Ce que j’ai compris après 9 ans à enseigner (et quelques blessures)
Bonjour et bienvenue dans notre cercle de profs de yoga sensibles à la prévention et la gestion des blessures en Yoga ! Que tu rejoignes notre communauté pour la première fois ou que tu sois un(e) fidèle lecteur(trice), ta présence ici est précieuse.
🌿 Avril : le mois du grand ménage… y compris dans notre posture de prof de Yoga
Ce mois-ci, on prend un peu de hauteur pour faire de l’espace dans nos certitudes, dans nos pratiques… et dans nos croyances sur ce que signifie “bien enseigner le Yoga”. On questionne ensemble cette injonction (très Instagrammable) qui dit qu’il faudrait savoir faire toutes les postures pour avoir le droit de les enseigner (spoiler : non), je t’emmène explorer le pouvoir de l’imagerie mentale dans la pédagogie, et on t’invite à faire un “spring clean” de ton enseignement.
On parle aussi d’intimité professionnelle, de ChatGPT, et de toutes ces petites choses qui changent notre quotidien de prof.
Tu lis ici la version pour les profs de Yoga de Lignes de Yoga, la gazette de l’Alchimie des Corps. Les anciennes éditions de cette gazette numérique sont ici. La version pour les élèves de Yoga est ici.
Je te souhaite une bonne découverte et une lecture enrichissante. 🌿
Au sommaire de cette édition
💖 À Cœur Ouvert : Confidences
Et maintenant, je fais comment ?🔍 Le Dossier du Mois : Explorons
Enseigner une posture qu’on ne maitrise pas ?📊 Science et Yoga : Ce que Disent les Études
Enseigner sans démontrer ? La science dit oui.🍂 Le Conseil de la Saison : Applicable Maintenant
Et si tu faisais un “spring clean” de ton enseignement ?🌿 Moments de Vie : Dans Mon Mois
Quand j’ai lâché un peu de contrôle (et que ça s’est bien passé)🤝 Vos Questions, Mes Réponses : Échangeons
Peut-on se servir de ChatGPT pour préparer ses cours de yoga ?📚 Ressource du Mois : Booste Ton Enseignement
3 postures pour bien commencer le Yoga(même quand on enseigne depuis longtemps)
🚨 Actualités YogAligne Pro : À Ne Pas Manquer
Les yeux tournés vers l’avenir🔗 Teaser du Mois Prochain : Restez Connectés
Le mois prochain
On y va ?
Je ne reçois pas toujours tes mails quand tu fais “répondre” à ce mail. Il est plus sûr de me contacter directement à cette adresse contact@yoga-reiki.fr si tu veux m’écrire.
Si ce mail se fait couper, tu peux le lire en entier ici.
A Coeur ouvert : confidences💖
Et maintenant, je fais comment ?
Posons le décor : tu rentres d’une formation.
Tu as appris plein de choses.
Certaines bousculent un peu (ou beaucoup) ce que tu faisais jusque-là.
Mais tu es convaincu·e : il faut que tu changes ta façon d’enseigner.
Reste une grande question :
Comment intégrer tout ça dans tes cours sans passer pour un·e incompétent·e ?
Je ne sais pas pour toi, mais moi, je me suis posé cette question après chacune de mes formations.
Alors, j’ai eu envie de te partager mes réflexions… et mon expérience très concrète sur ce sujet ⬇️
Le dossier du mois : explorons 🔍
Peut-on enseigner une posture qu’on ne maîtrise pas soi-même ?
Il y a quelques années, alors que je venais de terminer un 200h de Yoga en Inde (spoiler : ce n’était pas ma première formation), mon formateur – Anoop, pour les intimes des Brèves de Tapis – m’a proposé de faire directement un 300h avec lui.
Je le challengeais pendant les cours. Je posais des questions que personne d’autre ne posait. J’écoutais ses réponses avec attention. Il nous arrivait même de brainstormer ensemble sur des placements posturaux. Bref, il voyait bien que j’étais passionnée et sérieuse. Il m’appréciait, et je l’appréciais tout autant.
Je lui ai répondu, un peu gênée :
"Mais je ne peux pas faire un 300h... Je ne sais pas faire pincha. Je suis à des kilomètres d’attraper mon pied dans le pigeon royal. Et je ne te parle même pas d’Eka Pada Galavasana…"
Et là, il m’a simplement dit :
"Il n’est pas nécessaire de savoir faire une posture pour l’enseigner."
Puis il a tourné les talons, comme si c’était une évidence.
Je t’avoue que cette phrase m’a fait cogiter pendant plusieurs années. Et aujourd’hui, avec du recul et de l’expérience, je suis entièrement d’accord avec lui. Et voici pourquoi.
Enseigner ≠ performer
La confusion vient souvent d’un mélange des rôles. En tant que prof de Yoga, tu n’es pas là pour faire des démonstrations Instagram. Tu es là pour accompagner des êtres humains dans la compréhension de leur corps, leur mouvement, leur respiration. Ton rôle, ce n’est pas de performer : c’est de transmettre.
Et la transmission peut très bien se faire sans jamais poser ta tête au sol pour entrer dans Sirsasana.
Ce que tu dois savoir… et faire
Est-ce que ça veut dire qu’on peut enseigner n’importe quelle posture, même si on ne la connaît que de nom ? Bien sûr que non.
Mais tu peux enseigner une posture que tu ne “sais pas faire”, à condition de :
Connaître parfaitement les alignements de sécurité
Tu dois savoir ce qu’il faut surveiller pour éviter les blessures. Même si tu n’es pas capable d’entrer dans la posture complètement, tu dois savoir ce que tu regardes chez ton élève.Comprendre les sensations attendues dans la posture
Tu dois être capable d’expliquer ce que l’élève est censé ressentir, dans quel groupe musculaire, dans quel espace. C’est cette compréhension qui permet à l’élève de s’auto-ajuster.Savoir proposer des variantes et des adaptations
C’est un point clé. Plus tu es capable d’adapter, plus tu peux enseigner à des élèves différents, même sans avoir toi-même atteint “la forme finale” de la posture. D’ailleurs… c’est quoi la forme finale ?
Ce que tu ne dois pas faire
Te justifier sans arrêt de ne pas savoir faire la posture.
Tu n’as rien à prouver. Tu es là pour transmettre, pas pour impressionner.T’interdire d’enseigner une posture sous prétexte que tu ne la maîtrises pas parfaitement.
C’est une fausse croyance qui te fait perdre ta puissance pédagogique.Te surentraîner pour “être légitime”.
Ta légitimité vient de ta pédagogie, de ta capacité à guider, pas de ton niveau de souplesse.
Une pédagogie qui repose sur l’intelligence, pas la performance
Je crois profondément qu’un bon prof de Yoga, ce n’est pas celui qui tient Pincha pendant 10 respirations, mais celui qui peut amener un élève à comprendre pourquoi il n’y arrive pas (encore).
Ta force d’enseignant, ce n’est pas ta capacité à faire, c’est ta capacité à faire faire. Et ça, c’est une compétence qui s’apprend. Une posture mal faite par un prof donne un mauvais repère. Une consigne claire, même sans démonstration, peut transformer une pratique.
En résumé
Oui, tu peux enseigner une posture que tu ne maîtrises pas.
Mais seulement si tu as les connaissances techniques, pédagogiques et de sécurité nécessaires.
Ta valeur, c’est ta capacité à transmettre avec précision, pas ta souplesse ni tes photos Instagram.
Je suis reconnaissante à Anoop d’avoir semé cette graine en moi ce jour-là. Et encore plus heureuse de te la transmettre aujourd’hui.
Science et Yoga : ce que disent les études 📊
Enseigner sans démontrer ? La science dit oui.
Dans le dossier du mois, je t’expliquais pourquoi on peut tout à fait enseigner une posture qu’on ne sait pas (ou plus) faire. Et si tu es plutôt cartésien·ne, bonne nouvelle : la science valide aussi cette approche.
On parle ici de motor imagery, ou imagerie motrice. C’est un processus cognitif dans lequel on imagine un mouvement sans l’exécuter physiquement. Tu ne bouges pas, mais ton cerveau, lui, s’active presque comme si tu le faisais.
Les recherches montrent que cette pratique active des zones cérébrales très proches de celles sollicitées lors du mouvement réel. Résultat ? Une amélioration de l’acquisition des compétences motrices… même sans pratique physique.
Et ce n’est pas réservé aux sportifs de haut niveau. En éducation, en rééducation, en médecine, en danse, ou en gymnastique, cette technique est utilisée pour aider à intégrer et affiner les gestes complexes.
"L’imagerie mentale de différents mouvements, après l’exécution d’un geste, permet d’apprendre des compétences motrices concurrentes et améliore l’acquisition de nouveaux gestes."
Sheahan, H., Ingram, J., Žalalytė, G., & Wolpert, D. (2018). Imagery of movements immediately following performance allows learning of motor skills that interfere. Scientific Reports, 8.
Autrement dit, ce n’est pas parce que tu ne fais pas la posture que tu n’es pas capable de la comprendre, de l’expliquer et d’aider tes élèves à la pratiquer en sécurité. L’imaginer t’aide même à aller vers la réalisation de cette posture.
Ça confirme ce que m’a dit un jour un de mes formateurs préférés :
“Il n’est pas nécessaire de savoir faire une posture pour l’enseigner.”
Tu vois, même ton cortex moteur est d’accord.
Le conseil de la saison : à mettre en pratique🍂
Et si tu faisais un “spring clean” de ton enseignement ?
Avril, c’est le mois du renouveau. On fait le tri dans ses placards, on ouvre les fenêtres, on allège l’intérieur. Et si tu faisais la même chose dans ta manière d’enseigner ?
Je te propose une petite routine de printemps :
Replonge dans tes anciennes notes de formation, tes anciens plans de cours, ou même tes carnets d’idées abandonnés. Reviens à ce que tu faisais “avant”, non pas pour repartir en arrière, mais pour faire un vrai tri constructif.
Tu vas peut-être redécouvrir :
Une consigne verbale que tu avais oubliée et qui faisait mouche.
Une séquence que tu aimais beaucoup… et que tu pourrais remettre au goût du jour.
Des idées que tu ne mettrais plus du tout en pratique aujourd’hui (et c’est ok !).
Ce tri, c’est une façon de clarifier ton enseignement, de t’alléger mentalement, et de repartir plus aligné·e pour les mois à venir.
Parce que non, tu n’as pas besoin de réinventer ton yoga à chaque saison.
Mais tu peux le faire évoluer avec toi.
Prendre le temps de relire ce que tu as appris, ce que tu as testé, ce que tu as laissé de côté… c’est aussi progresser.
Alors, si tu te sens un peu à l’étroit dans ton enseignement en ce moment, commence par faire le tri. Comme à la maison : on garde ce qui sert, on donne une seconde vie à ce qui a du potentiel, et on dit merci à ce qu’on laisse derrière.
Moments de Vie : ce mois-ci🌿
Quand j’ai lâché un peu de contrôle (et que ça s’est bien passé)
Je suis une prof exigeante. Pour moi, chaque détail compte : le placement du petit orteil dans la posture, la qualité de la consigne verbale, la manière de gérer un groupe avec 12 niveaux différents… Je suis comme ça. Et mes élèves (et mes élèves-professeurs) le savent.
Mais récemment, j’ai vécu un moment qui m’a bousculée. C’était pendant un cours, pas un cours “démonstration”, pas un cours filmé, pas un atelier… juste un cours “normal”. Et j’ai oublié de dire une consigne que je dis toujours. Toujours.
Le truc, c’est que personne ne s’est blessé. Le cours était super. L’ambiance fluide. Les retours des élèves ? Positifs, comme d’habitude.
En sortant de la salle, je me suis dit : « Peut-être que je peux faire plus confiance à ce qui est déjà ancré. À ce que mes élèves savent déjà. » Ce n’est pas un appel à tout lâcher, évidemment. Mais c’est un doux rappel que l’enseignement, ce n’est pas un spectacle millimétré. C’est du vivant. Et parfois, dans le vivant, un peu d’imperfection, ça fait du bien.
Ce mois-ci, j’ai appris qu’on pouvait rester rigoureuse… sans devenir rigide. Une leçon que je prends avec moi pour la suite.
Et toi, quel petit moment t’a fait évoluer dans ta posture de prof ces dernières semaines ? Dis-moi en commentaire de cette gazette.
Vos questions, mes réponses : échangeons 🤝
Peut-on se servir de ChatGPT pour préparer ses cours de yoga ?
Pendant le dernier Zoom de YogAligne Pro, une prof m’a fait une confidence en baissant la voix (même sur Zoom, si si !) :
“Je suis un peu honteuse… j’ai utilisé ChatGPT pour préparer un cours.”
Et là, déculpabilisation immédiate : oui, tu peux utiliser ChatGPT. Et non, ce n’est pas tricher.
Utiliser un outil d’intelligence artificielle pour t’aider dans ta préparation, ce n’est pas renoncer à ton métier de prof de yoga. C’est refuser de te cramer la tête à repartir d’une page blanche à chaque fois. Et ça, c’est plutôt une bonne idée.
Tu feras toujours mieux que ChatGPT. Promis. Il ne connaît pas tes élèves, il n’a pas ton expérience, ni ta pédagogie. Mais il peut :
t’aider à organiser tes idées,
t’inspirer une structure de séance,
et surtout te poser des questions qui te feront réfléchir autrement à ta séquence.
Bien sûr, on ne parle pas ici de copier-coller un cours sans y mettre ta patte. Ce serait passer à côté de ta responsabilité d’enseignant. Mais co-construire, brainstormer avec l’IA, lui demander de challenger ton idée… c’est un vrai gain de temps, d’énergie et de clarté.
Et puis entre nous : on a toutes déjà été devant son carnet à se demander “je fais quoi demain avec mes élèves ?”
Alors si ChatGPT (ou toute autre IA comme Le Chat ou Claude) peut t’éviter ce moment de solitude… pourquoi s’en priver ? 😉
Et au fait, j’avais déjà parlé de la prépa de cours sans se cramer dans cette édition :
Ressource de mois : booste ton enseignement 📚
3 postures pour bien commencer le Yoga (même quand on enseigne depuis longtemps)
Parce qu’on a tous besoin de revenir aux bases, je t’ai préparé une ressource simple, efficace et actionnable : 3 postures essentielles pour (re)poser les fondations de ta pratique… ou de celle de tes élèves.
👉 Même si tu enseignes depuis des années, ce genre de retour aux bases peut te servir de repère pour construire des cours plus pédagogiques, plus clairs, et plus efficaces.
👉 Et si tu accueilles des débutants ce mois-ci, c’est une super trame pour ne pas partir dans tous les sens.
📩 Tu peux télécharger la ressource ici (c’est gratuit) :
lalchimiedescorps.systeme.io/3-postures-pour-bien-commencer-le-yoga
À mettre entre toutes les mains (ou sur tous les tapis).
Actualités YogAligne Pro : À ne pas manquer 🚨
Ce mois-ci, deux actualités importantes du côté de YogAligne Pro.
📅 La cohorte d’avril a démarré… et je prépare déjà celle de novembre
Tu fais peut-être partie des profs de Yoga qui m’ont dit :
"J’aimerais tellement faire YogAligne Pro, mais j’ai déjà une formation en cours."
C’est entendu, et tu n’es pas la seule. C’est justement pour ça que je travaille dès maintenant à la préparation de la prochaine cohorte qui commencera en novembre. Tu auras le temps de terminer ce que tu as commencé et de te libérer de l’espace pour t’y consacrer pleinement. Je t’en reparlerai rapidement ici.
🔁 Les vocaux de YogAligne Pro évoluent
Tu as peut-être entendu parler de mes vocaux : de courtes pépites audio envoyées aux profs de Yoga trois fois par semaine, pleines de conseils concrets sur l’enseignement du Yoga, la posture de l’enseignant, la relation avec les élèves, la pédagogie…
Actuellement, ces vocaux sont accessibles via un abonnement mensuel. Mais je travaille sur une nouvelle formule : un accès à vie à l’ensemble des 50 vocaux déjà enregistrés, pour que tu puisses les écouter à ton rythme, les digérer, les réécouter… bref, les intégrer profondément à ta pratique d’enseignement.
Je t’en dis plus très vite 😉
Teaser du Mois Prochain : Restez Connectés 🔗
Le mois prochain, on plonge dans un sujet qui fait grincer des dents et pourtant revient tout le temps dans les discussions entre profs de Yoga : les ajustements physiques. Doit-on toucher les élèves ? Comment ? Pourquoi (ou pourquoi pas) ? Et surtout : est-ce qu’un ajustement manuel est toujours plus efficace qu’un bon ajustement verbal ?
Je partagerai mon point de vue, mes limites, mes outils, et quelques retours du terrain qui pourraient bien t’aider à y voir plus clair.
En attendant, profite du printemps pour faire de la place dans tes routines et dans ton esprit… on se retrouve très bientôt pour continuer à faire évoluer ton enseignement avec clarté et cohérence.
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Prochain cohorte 1er novembre 2025
